lundi 19 novembre 2012

ISABELLE CHELLEY, portrait (novembre 2012)

Aujourd'hui dans Rocking in a Free World, nous allons nous intéresser à la part journalistique du rock n roll ! En effet, sans les journalistes la musique ne serait pas diffusée et encore moins commercialisée. Et pour ce faire, nous n'allons pas recevoir n'importe quelle rock critic mais une femme qui connait amplement son sujet. Alors accueillez comme il se doit Isabelle Chelley!



Bonjour Isabelle, merci de m’avoir donnée ton « feu vert » pour cette petite interview. Les aficionados du rock n roll ont déjà dû voir ton nom en bas d’articles, de Rock n Folk notamment, traitant de notre musique de prédilection. Aujourd’hui, dans Rocking a Free World, nous allons te découvrir un petit peu.

Tout d’abord, comment as-tu découvert la musique rock ? Est-ce un héritage familial?

J'ai grandi avec des disques, mon père a toujours été un gros collectionneur et ma mère avait plutôt de bons goûts musicaux. Elle me faisait écouter ses disques de sixties quand j'étais gamine, c'est mieux qu'Henri Dès pour se former les tympans. En grandissant, mon père m'a fait des cassettes des pionniers du rock, Elvis, Little Richard, Buddy Holly, ce genre. Et il m'a offert un album de Bowie qui a tout déclenché. J'ai adoré ce disque, j'ai été fascinée par le personnage et j'ai voulu en savoir plus. J'ai acheté deux biographies de Bowie, une de Gilles Verlant, l'autre de Jérôme Soligny, bref, j'étais entre de bonnes mains et je me suis mise à lire Rock&Folk et Best. J'ai commencé à rechercher les disques d'Iggy Pop, de Lou Reed, du Velvet Underground ou T-Rex. Et après, je suis passée aux autres classiques, Stones, Beatles, Beach Boys, Kinks… C'était fini, j'étais perdue pour la cause boys bands et autres horreurs que mes copines écoutaient…

 Quand as-tu été happée par le rock n roll,  pensais-tu écrire sur ce dernier ?

Au début, j'ai carrément visé plus haut. Je me serai bien vue jouer dans un groupe. Le seul problème, c'est que si on me met une guitare entre les mains, ça vire au désastre. Je ne suis pas douée du tout. Mais comme je lisais beaucoup sur le rock, je me suis dit que peut-être, un jour, je pourrais devenir journaliste. On m'a découragée, évidemment, en me disant que ce n'était pas un vrai métier et qu'en plus, il n'y avait pas de filles dans ce milieu… J'ai quand même écrit dans des fanzines et je n'ai jamais tout à fait abandonné l'idée de passer à la vitesse supérieure.

Quel a été ton parcours avant de te retrouver chez Rock n Folk ? D’ailleurs c’était en quelle année ? Ecris-tu uniquement pour ce magazine ou d’autres ?

Avant d'aller chez Rock&Folk, j'ai accumulé les boulots, j'allais à droite à gauche, j'avais du mal à me fixer. Un jour, j'ai atterri à Canal+, au service relations presse. Je croisais des journalistes toute la journée… Et j'ai rencontré mon futur mari là-bas. Il venait de quitter Rock&Folk où il avait été journaliste pendant 17 ans. Il m'a poussée à envoyer mes articles, même si j'étais persuadée de n'avoir aucune chance. Et pourtant, le rédacteur en chef, Philippe Manœuvre m'a appelée et m'a envoyée faire mes premières interviews dans la foulée. C'était en 1997, je crois, je suis nulle pour les dates. J'ai beaucoup écrit pour des webzines, pour le quotidien 20 Minutes et quelques autres magazines à l'occasion. Maintenant, j'écris surtout pour R&F et je fais beaucoup de traductions à côté, ça me "rince" la tête…

Es-tu libre de choisir les sujets sur lesquels tu écris ?

Ça dépend. Je propose des sujets à R&F et la rédac' m'en propose, en fonction de mes goûts. Ou pas. Mais je dois avouer que ça ne me dérange pas. Je trouve que souvent, il m'est plus facile d'écrire sur un artiste dont je ne suis pas fan. Ça me donne un certain détachement et je suis obligée de blinder la préparation de l'interview comme je ne connais pas toute la carrière de la personne que je rencontre… C'est un très bon exercice. Ou alors je suis un peu maso, sans doute.


Es-tu uniquement journaliste rock ou as-tu des ouvrages à ton actif ?

J'ai quatre bouquins à mon actif. Le Dictionnaire des Chansons de Nirvana, Worship (livre de photos sur la scène clubbing new yorkaise underground dont j'ai fait les textes), le Guide de Survie des Filles Rock et le Guide de Paris Rock. J'ai aussi participé à des ouvrages collectifs et j'ai écrit des nouvelles dans la revue Minimum Rock'n'Roll qui ne paraît malheureusement plus (mais je ne crois pas que ce soit à cause de mes écrits !).



Editions TOURNON
Permets tu des séances de dédicaces ? si oui, en as-tu prochainement ?

Je suis toujours prête à rencontrer des lecteurs et lectrices (le tout, c'est de m'offrir un verre de vin au préalable, pour vaincre ma timidité et mon côté, euh, un peu froid sur les bords). Ecrire, c'est un boulot solitaire, on n'a pas trop de recul sur ce qu'on fait et parler avec ses lecteurs, c'est souvent très sympa, ça permet d'avoir du feedback. Le week-end dernier, j'ai participé à une table ronde sur l'écriture rock avec le Café Castor à Lorient (une association qui organise chaque année un concours de nouvelles rock ; je fais partie du jury). Et le 11 décembre, à 19h30, je participe à une autre rencontre, organisée par le magazine Gonzaï. Logiquement, ce sera diffusé sur internet…

Quel est ton regard sur la scène rock depuis les années 2000 par rapport à avant ?

Je refuse de tomber dans le "c'était mieux avant". Oui, sans doute, il y a eu des périodes géniales, comme les sixties à Londres où ça bouillonnait, mais quand on lit beaucoup sur le sujet, on s'aperçoit que tout était loin d'être idéal. Donc, la nostalgie, j'évite. Quand on regarde trop dans le rétroviseur, qu'on commémore trop, on passe à côté du présent et on ne créé plus rien. Aujourd'hui, l'industrie du disque va mal, ce qui signifie, à mon petit niveau, que je pars moins en voyage de presse, mais il y a une foule de labels indépendants, d'artistes qui se bougent, etc. Et le vinyle revient en force, on peut se promener partout avec toute sa musique sur son iPod, donc je ne me plains pas, les années 2000 ont leurs avantages. Si j'aime plein de vieux machins, j'écoute aussi des groupes actuels et j'ai toujours des coups de cœur. La scène rock est retournée plus ou moins dans l'underground et tant mieux, c'est là où elle est la plus créative. Quand le rock devient trop mainstream, c'est souvent médiocre. Je déteste les concerts dans les stades, je n'aime pas qu'on mette le rock à toutes les sauces, dans les publicités, sur des t-shirts portés par des gens qui ne connaissent pas les groupes, etc.

Selon toi, le fait d’être une femme as été un avantage ou un inconvénient dans ce milieu plutôt dominé par la gente masculine ?

Un avantage, sans hésiter. J'ai dû croiser un ou deux machos qui ont cru bon de vérifier mes connaissances, mais à part ça, être une fille me sert plutôt. Quand je débarque en minijupe devant un groupe de mecs, ils sont tout de suite plus enclins à répondre à mes questions qu'à celles d'un de mes confrères… Mais l'avantage de taille, c'est qu'on se souvient de moi en général. Comme il y a peu de filles, je suis vite repérée. Et ce qui me touche le plus, ce sont les filles fans de rock qui me contactent par Facebook ou Twitter et me disent que je leur ai donné envie d'écouter certains disques ou d'écrire sur la musique, comme si mon avis comptait plus que celui des mecs pour elles. Je suis passée par là avant elles, je me rappelle d'avoir admiré – et envié – certaines journalistes quand j'étais ado.

En tout cas, merci d’avoir accepté cette invitation pour mon blog c’est super sympa à toi. J’espère que les lecteurs et les lectrices se pencheront sur tes écrits car ils en valent le détour. Le rock n roll c’est dans tes veines et on adore ça ici. Bonne continuation et pour ma part, je vais me plonger dans « le Guide de Survie des Filles Rock » !

 Interview menée par Alicia FIORUCCI, novembre 2012

2 commentaires:

  1. Article/itw très intéressant, en particulier la table ronde à Lorient sur l'écriture rock, j'aurais bien voulu assister à cela et savoir ce qu'il s'y disait. En parlant d'écriture rock, mon ultime référence et mon admiration absolue en la matière va à "Hellfire" de Nick Toshes, la biographie de Jerry Lee Lewis; Et sur un autre plan "le guide de survie des filles dans le rock" doit être très drôle...(ou affolant)!

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  2. Et bien maintenant je ferai plus attention dans la lecture de Rock&Folk !!

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