mardi 23 avril 2019

"Trente Ans De Cavale, Ma Vie De Punk" GILLES BERTIN (Robert Laffont)

Chronique parue initialement dans Jukebox Magazine de mai 2019 numéro 389 !




Il est des destins qui sont, pour le peu, hors du commun. Celui de Gilles Bertin se situe pile poil dans cette catégorie. L’ancien chanteur du groupe punk bordelais, Camera Silens, se raconte dans son autobiographie. Ce combo, actif de 81 à 88, marque à jamais toute une génération grâce à leurs hymnes « Pour La Gloire », « Réalité » ou encore « Classe Criminelle » et leur participation au Chaos Festival à Orléans le 20 octobre 1984 qui permet de mettre en lumière la nouvelle scène punk/oi ! en Hexagone. Ils partagent les planches avec les Trotskids, Kidnap, Komintern Sect ou autres Reich Orgasm qui font toujours le bonheur des amateurs du genre. Cependant, beaucoup d’excès ont jalonné la vie de ce groupe emblématique. Sida, drogues et autres délits comme le spectaculaire casse de la Brink’s de Toulouse du 27 avril 1988, auquel Gilles participe, signent le mandat d’arrêt de la vie musicale de Camera Silens jusqu’en 2000 (reformation ponctuelle sans Gilles). C’est à ce moment, qu’il démarre sa cavale de 30 ans en errant en Espagne, puis au Portugal où il ouvre une boutique de disques (Torpedo), puis retour en Espagne, le tout grâce à l’aide indéfectible de sa femme Cécilia qui le soutient coûte que coûte malgré son passé et sa santé détériorée. Gilles relate sa vie avec sincérité, sans langue de bois maniant l’autodérision et l’humour au sein de ces 270 pages sans concession, ni auto-complaisance. Une véritable plongée dans les méandres d’une vie punk plus vraie que nature avec son lot de joies mais aussi d’anxiétés dans les tréfonds abyssaux de son âme. Jusqu’au jour de 2016 où Gilles décide de se rendre de lui même aux autorités françaises afin d’être en concordance avec l’homme qu’il est devenu. Autant vous dire que même sa déposition est rocambolesque ! Une authentique autobiographie qui fleure bon le holp-up littéro-punk, merci pour cette réalité si brillamment contée. Alicia FIORUCCI.  

lundi 15 avril 2019

"GG ALLIN, antéchrist de L'Extrême" Pierre Avril/Adeline Wall - Camion Blanc

chronique initialement parue pour Jukebox Magazine numéro 387. 

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GG Allin, controversé, adulé, détesté, glorifié, bafoué, cristallisé mais jamais ignoré. Notre homme a toujours su déchaîner les passions et ce depuis sa plus tendre enfance. Pierre Avril et Adeline Wall se sont penchés sur le plus dérangeant des personnages du monde du punk rock du XXe sicècle. Dans cet ouvrage « GG Allin, antéchrist de l’Extrême » sorti aux éditions Camion Blanc, les auteurs tracent la route de Jesus Christ Allin (son vrai nom!) depuis sa naissance au New Hampshire dans la cabane où son père les tient, lui, son frère Merle et leur mère Arleta coupés du monde sans réel contact avec l’extérieur jusqu’à sa mort par overdose en juin 1993 à New York à l’issue d’un concert au Gas Station. On y découvre que GG, en dehors d’Alice Cooper, des New York Dolls et d’Aerosmith, était un grand fan de country : Hank Williams, Johnny Cash, David Allan Coe et tous les « outlaws ». On trouve au fil des pages, une discographie, non exhaustive (tant GG fut prolifique), commentée par ces deux passionnés du plus jusqu’au-boutiste artiste que le rock ait connu. Tous ses groupes sont passés en revue : The Jabbers, The Scumfucs, The Texas Nazis, The Cedar Sluts, The Criminal Quartet etc... sans oublier The Murder Junkies (dans lequel Merle est bassiste) qui fut le dernier groupe à avoir accompagné GG sur terre. Il avait une mission : redonner au rock and roll le côté dangereux et rebelle des débuts sans devenir un produit mercantile de l’establishment américain. Les auteurs n’hésitent pas à comparer les performances scéniques de GG, tant ces dernières étaient incroyables (automutilation, bagarres avec le public, défécation …) à celles d’autres acteurs de l’art contemporain tels que : Orlan, Chris Burden, Marina Abramovic, Peter Sotos et bien d’autres... Ces 180 pages mettent en lumière l’influence non négligeable qu’a laissé GG dans le monde du punk et bien au-delà. Un livre à quatre mains d’une sincérité sans faille dédié au Messie de la musique du diable. Alicia Fiorucci