Back to the Roots!
A l’heure où nous faisons
l’apologie du progrès, du rendement et du toujours plus vite, il serait bon de
se recentrer sur les principes de base
qui ont toujours un impact sur notre société et ce encore à l’heure actuelle.
Ce phénomène n’est pas uniquement propre au contexte socio-économique mais il
touche aussi le monde artistique et plus précisément celui musical. Alors
aujourd’hui dans Rocking in a Free World, nous allons revenir sur les prémices
du mouvement rock n roll. Ressortez vos blousons noirs et votre gomina
et venez avec moi.
Eddie Cochran |
Bien que le Rock n Roll soit né
fin des 40 et début 50 aux Etats-Unis, il mit un peu de temps avant de
traverser l’Atlantique et enfin atterrir
en France. En effet, l’Hexagone n’était pas encore prêt à recevoir, en ses
terres, une horde de jeunes un peu rebelles portant des jeans troués surmontés
de vestes en cuir. Dans ces années là, la France est plongée dans la variété
française ou variété anglo-saxonne et il aura fallu attendre la fin des années
50 et le début des années 60 pour que les rockeurs franchissent les frontières
européennes. Cette arrivée de « voyous » comme ils étaient perçus,
venaient à point nommé. En effet, la jeunesse de l’époque veut autre chose pour
leurs esgourdes et commence à s’ennuyer gravement, culturellement parlant. Les
jeunes veulent que ça bouge et ont un désir de rompre avec la tradition de
leurs parents. En gros, ils se révoltent et le rock n roll va les aider à
s’émanciper. Les premiers rockeurs français furent Johnny Halliday, Danny Boy,
Eddie Mitchell et autres Dick Rivers accompagnés de leur groupe
respectif. Cela dit, ils furent aidés par les chanteurs venus tout droit du pays
des Stars & Stripes comme les Elvis Presley, Carl Perkins, Chuck Berry,
Little Richard (qui a eu 80 ans hier, ndlr) et bien d’autres… Cependant, un
évènement créa le « buzz ». Effectivement, le 15 décembre 1959 Gene
Vincent joue à l’Olympia de Bruno Coquatrix. Les jeunes, intrigués et
volontaires se donnent rendez-vous dans ce haut lieu de la musique vivante pour
admirer la vedette américaine. De plus, l’évènement sera à la radio le
lendemain pour les biens de l’émission Musicorama . Musicorama était le nom d'un spectacle musical
présenté le plus souvent à l'Olympia de Paris, entre 1957 et 1974. Ce spectacle était organisé et
diffusé sur les ondes de la radio Europe
1. Il accueille des grands noms de la chanson
française et de nombreux représentants des variétés internationales.
Autant dire, que le spectacle de Gene Vincent fut médiatisé mais aussi bien
encadré à grands renforts de la maréchaussée. C’est à ce rockeur américain que
l’on doit le célèbre Be Bop A Lula. D’ailleurs, le titre se classera 7e aux USA et 16e en Grande-Bretagne.
La nouvelle génération est ravie de pouvoir enfin s’identifier à certaines
icônes qui jadis étaient obsolètes pour elle. Cependant, Gene Vincent ne sera
pas le seul à avoir une influence sur la
jeunesse française. Assurément, un petit gars so british allait envahir
l’hexagone. Ce gaillard, répondant au doux nom de Vince Taylor allait
être signé par Eddie Barclay, grande figure de l’industrie du disque à cette époque.
Eddie le remarque lors de son passage à l’Olympia, décidément ce lieu est
propice à la nouveauté. Vince va alors enregistrer un disque s’intitulant Le
Rock c’est ça en 1961 reprenant des standards d’Elvis, de Chuck, d’Eddie
Cochran, Little Richard, et Johnny Kidd. D’ailleurs, sa reprise de Shakin’
All Over est même plus incisive que l’originale. De plus, ce bon Vince
Taylor composera son premier tube Brand New Cadillac qui sera repris par
le groupe punk The Clash bien des années plus tard. Comme quoi
pour comprendre le présent il faut en saisir les notions du passé. Vince se
fait donc un nom en France et a une réputation de Bad Boy car ses concerts se transforment
souvent en baston. Cependant, être populaire auprès du public ne veut pas
forcément dire vente de disques au zénith. Entre Gene Vincent et Vince Taylor
on pourrait y voir une certaine coïncidence dans leur parcours. En effet, Vince
Taylor est amené à remplacer Gene Vincent lors d’un concert qu’il devait donner
à Calais en 1959. Vince s’essaiera aussi au cinéma en 1961 dans le film Le
Quatrième Sexe où il interprète son propre rôle. Mais il reviendra vers la
musique avec son album se nommant sobrement Vince ! en 1965 !
A partir de ce moment, il s’ensuivra une période néfaste pour ce rockeur. En
effet, les maisons de disques ne veulent plus de lui car il engendre trop de
violence à ses concerts. Du coup, il
tourne vers la dépression mais tentera tant bien que mal à renaître de ses cendres,
par ci par là, sans grand succès. En 1982, il
jouera quand même dans Rebelote de Jacques Richard, un film muet avec Jean-Pierre
Léaud. Il décèdera d’un cancer des os en 91, en Suisse,
là où il s’était retiré avec sa famille. Voici le destin tragique d’une icône
du rock n roll qui aura influencé bons nombres de groupes par la suite.
Vince Taylor |
Cela dit, tous ces artistes auront montré la voie à de
nombreuses formations actuelles, certaines, encore en activité comme Les
Rolling Stones, Led Zeppelin, les Beatles ainsi que l’écurie des groupes punk
comme les Clash. Et comme diraient les australiens d’AC/DC « Let There be
Rock ». A bientôt dans Rocking in a Free World.
Brand New Cadillac, Vince Taylor:
Say Mama, Gene Vincent:
Alicia FIORUCCI
Bien vu et il fallait le rappeler, Gene et Vince furent très importants en France durant ces débuts, je me souviens très bien, j'ai vécu ces années !!
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