COLD LIKE DEATH!
Et si on sortait des carcans des
gros sons burinés à grands renforts de guitares saturées, de voix hurlantes
post-zombiesques dégoulinantes d’hémoglobine, aux relents d’une chaire putréfiée ?
C’est bien ce que nous allons avoir le droit avec le groupe suisse Beauty of
Gemina, un groupe qui serait dans la catégorie électro rock alternatif mais qui,
là, nous revisite leurs anciens titres de manière, disons, épurée. Beauty of
Gemina est un combo né des cendres du groupe suisse Nuuk en 2006 et détient
dans son escarcelle à mélopées, déjà quatre albums. Allez passons désormais à l’album dont il est
question.
En effet, nous avons d’emblée un
instrumental Myrrh I uniquement exécuté au piano à l’instar de la grande
prêtresse avant-gardiste Diamanda Galàs. A l’écoute de cet opus nous ne pouvons
passer à côté d’artistes tels que Nick Cave & the Bad Seeds ou Interpol.
D’ailleurs, Suicide Landscape est complètement emprunt à ce que produit
le crooner gothique. Ce titre aurait pu largement figurer sur l’album the Boatman’s
Calls de l’australien à la chevelure de jais. Ce qui est agréable à l’esgourde c’est le retour à de réels
instruments. Eh oui les Myrrh Sessions s’habillent de violons (Philip
Hirsiger, Rachel M Wieser), piano, guitare acoustique, balalaïka (Marco
Gassner) mais aussi violoncelle (Andréa Sutter), autant dire qu’à
l’heure de la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) nos cages à miel sont en
plein renouvellement positif et redécouvrent les joies des sonorités remplies
d’authenticité. L’ambiance de cet opus n’est nullement dans le but de nous
trémousser sur le « dancefloor » et ce, tant mieux, puisque ce
qu’ils nous produisent est une petite perle dans le monde musical. L’atmosphère
y est délicieusement froide quelque peu dépressive mais sans le côté surjoué
adolescent, ici le ton sonne juste. A spécifier que l’univers de l’album n’est
nullement pesant pour autant, il n’y a pas de lourdeur comme il pourrait y
avoir dans le genre doom métal. Il serait plutôt dans une veine mélancolique, à
dire vrai. Il faut dire qu’avec des morceaux se nommant Obscura, Last
Words ou encore Dark Rain on se doute que la joie de vivre n’est pas
conviée à la fête De plus, on ne peut omettre le côté original des compostions
qui sont chiadées et peu communes. La voix de Michael Stele nous emmène
loin des contrées standardisées, il est tel un conteur au service de ses
auditeurs, une voix douce, enchanteresse qui a l’art de nous envoûter. Du côté
de la partie rythmique on retrouve derrière la batterie Mac Vinzens et David
Vetsch tenant le manche à 4 cordes.
Après toutes ces lignes, j’ai
bien envie de vous dire « ruez vous sur cette petite beauté auditive made
in Beauty of Gemina » (pour le coup, le nom leurs sied à ravir). Nous
avons à faire à un album parfait pour l’introspection et la catharsis de nous
pauvres mortels que nous sommes. Délicatesse et sobriété pourraient vraiment
qualifiés cette merveille à tympans. Maintenant c’est à vous de juger, mais si
vous aimez la création vous serez largement conquis. Bonne écoute.
Le site : http://www.thebeautyofgemina.com/
Vous pouvez aussi retrouver cette chronique sur le site de Ultrarock: http://ultrarock.free.fr/
Allez un petit titre, Narcotica, pour illustrer tout ça:
Alicia FIORUCCI
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