mardi 25 février 2020

TOUTE UNE VIE D'ANGE, Jean-Noël Coghe / Christian Décamps (Les Presses du Midi)

Chronique initialement parue dans le numéro 398 de Jukebox Magazine! 


Un demi siècle, c’est la durée pendant laquelle on est sur la trace des fées avec Ange. En effet, le célèbre groupe de rock progressif originaire de Franche-Comté se fonde en 1969 autour des frères Décamps, Francis et Christian. Le second, seul membre originel toujours à bord du navire, livre à Jean-Noël Coghe une kyrielle de souvenirs, d’anecdotes, mises au points et autres coups de gueule. Ange, à l’univers très original mêlant contes médiévaux, fresques quotidiennes, et autres histoires fantastiques chantés dans la langue de Molière, n’a cessé de produire des pépites du rock français générant six disques d’or. C’est ainsi que le groupe traverse les décennies et influence des nouveaux venus sur la scène rock progressive comme Steven Wilson. De plus, le groupe réussi le pari de fidéliser un maximum de personnes que l’on surnomme affectueusement « les imbibés ». Ce magnifique ouvrage de 321 pages est illustré par des photos allant de la tendre enfance en passant par celles de moments privilégiés mais aussi scéniques ainsi que des affiches et tickets de concerts d’époque le tout saupoudré par des pochettes d’albums. On ne peut occulter l’excellent travail de Phil Umbdenstock pour l’aspect pictural unique dont Ange est doté. Le côté visuel n’est pas le seul élément extérieur à la lecture puisque les deux cd additionnels permettent un plongeon sonore restituant des moments forts et inédits (comme des interviews) recueillis au fil des ans. On accède donc à une véritable synesthésie au-delà du délire de Ange. Jean-Noël Coghe, au pedigree non négligeable (RTL, France Inter, Disco Revue, Rock & Folk, RMC), propose ici un ouvrage d’une qualité indéniable où l’on assiste à une touchante mise à nu du poète, saltimbanque et musicien qui a toujours mille et un projets à réaliser. En tout cas, ce livre est une immersion complète dans un monde où tous ont un pied dans la marge. Alicia FIORUCCI


lundi 24 février 2020

ROCKASTORIA, Jack Lalli (Aimes Editions)

Chronique initialement parue dans le numéro 399 de Jukebox Magazine


La scène rock n’a pas toujours eu son épicentre dans La Capitale. En effet, les villes de provinces ne sont pas en reste. A travers cet ouvrage, Jack Lalli nous fait voyager au coeur de Nice et son pourtour méditerranéen avec ses souvenirs de passionné du rock en y relatant « rockitudes », escapades et autres chroniques mais pas que. En effet, le livre est jalonné de moult anecdotes comme ce jour de 1963 où Gene Vincent & The Blue Caps arpentent les planches du Casino Municipal qui se fini dans l’agitation et l’anarchie à grand renforts de lancement de projectiles dans les baies vitrées. Jack a eu aussi la chance et la joie immense d’interviewer plusieurs artistes de renommée internationale ainsi que d’autres plus underground. On y retrouve Daevid Allen (Soft Machine, Gong), Christian Vander (Magma) Jean-Marc Eusébi, Gilles Choir (qui est le frère de Yves qui a officié chez Little Bob Story) et bien d’autres encore… Il nous emmène aussi dans sa caverne d’Ali Baba faite de vestiges de concerts comme ce jour du 2 février 1982 où il fonce à Marseille pour aller voir la légende Alice Cooper. Jack expose ici ses émotions de véritable féru de rock tout en véracité et vrai vécu. Ici pas de pipeau tout est franc et sans faux semblant. On va de The Church en passant par The Stranglers mais aussi Queen, Blue Öyster Cult, Tina Turner. La scène niçoise n’est pas en reste car les Playboys ont la part belle dans cet ouvrage. L’auteur nous emmène au plus profond de sa vie rock and roll et de son expérience personnelle dans ce milieu. Pour lui « communiquer c’est revendiquer ». En effet, quoi de plus beau que la transmission, l’échange et le partage entre personnes qui, un jour, se retrouvent happées par la musique qui vient de là qui vient du blues. Vous avez entre vos mains un livre de fan qui parle aux fans, aux aficionados de la musique que nous défendons tous ! Merci Jack pour cette belle immersion au sein d’un univers qui nous est cher ! Alicia FIORUCCI

dimanche 23 février 2020

PRESSING, Philippe d'Anière (Pressing Editions)


Chronique publiée initialement dans le numéro 399 de Jukebox Magazine
Photo: Tony Marlow

Lyon, fin des années 70. Un groupe punk sonne comme une déferlante avec ses 4 albums et sa dizaine de singles sortis...Starshooter s’impose comme un des fleurons du genre en France. L’aventure « Starshoot’ » dure moins de dix ans mais assez pour effectuer des passages radio, télés et autres actions à but promotionnel. Le groupe devient suffisamment populaire et célèbre pour que quatre décennies après on s’en souvienne encore. Un certain Philippe d’Anière officie en tant que batteur et opte pour un pseudo qui lui collera à la peau, il devient Phil Pressing. Dans cet ouvrage, Phil livre « sa story ». Il y va de sa petite enfance/ adolescence en passant par ses années musicales, puis son exil au pays des « stars and stripes », sous les palmiers de Los Angeles. Il se lance dans le business du pressing industriel de jeans et de tee-shirts entre autres affaires pas toujours très catholiques (mais juteuses) entrecoupées par de petits séjours à l’ombre pour diverses histoires (drogues, prostituées, illégalité) jusqu’à monter son entreprise de restauration de bateaux, toujours là bas, là où les nuits ne sont jamais froides même quand tu manques d’argent et que tu dors à la belle étoile. Philippe raconte son épopée sans langue de bois, ce n’est pas son genre, sans faux semblant, sans complaisance, le tout avec humour et dérision. Une véritable biographie plus vraie que nature au coeur d’un destin hors du commun. Avouez qu’il fallait une sacrée dose de courage pour quitter son pays à même pas 30 balais pour se retrouver sur la côte Pacifique ! Si vous souhaitez un ouvrage politiquement correct, je crois qu’il vous faut passer votre chemin ! Par contre, si vous désirez un livre où la véracité jaillit à chaque ligne, foncez, vous ne serez pas déçus et vous demanderez même un second tome ! « Hasta la vista baby ! » Alicia FIORUCCI