mardi 3 décembre 2019

POP ROCK, Les Concerts de Légende - Julien Deléglise/Daniel Lesueur (Camion Blanc)



Chronique parue dans le numéro 394 d'octobre 2019 de Jukebox Magazine



Que seraient les groupes de rock sans la scène ? En effet, écouter les supports cd et vinyles voire même cassette a ses limites (bien qu’ils soient utiles aux nouvelles générations n’ayant pas connu cette période) , rien de vaut le ressenti procuré lorsque l’on est devant les planches, à en prendre plein les esgourdes et les mirettes. C’est ainsi que sont devenus cultes certains concerts de nos artistes fétiches. L’ouvrage concentre son étude de ces prestations légendaires entre les années 60 et 70. Pour sûr c’est dans ces années là où l’explosion créative était à son apogée que tout bougeait très vite et pour la majeure partie bien. C’est pourquoi Julien Deléglise et Daniel Lesueur se sont penchés sur les concerts marquants de ces deux décennies. Parmi eux nous retrouvons, les Beatles à l’Olympia en 64, Janis Joplin lors du festival de Woodstock, Black Sabbath en 1970 à Bruxelles, Iron Butterfly en 1971 à Göteborg, Chuck Berry et Jerry Lee Lewis à la fête de l’Huma en 73 mais aussi Johnny Hallyday en 74 à Bochuz en passant par AC/DC à San Francisco en 1977 et bien d’autres encore… Les auteurs ont creusé la question et les mystères des prestations « live » avec une flopée d’anecdotes qui sont aussi rocambolesques les unes que les autres. Quelques mots à présent sur Julien Deléglise. Né en 1979 il se passionne pour le rock en 85 lors de la sortie « Un Autre Monde » de Téléphone. Depuis cette date la musique électrique ne le quittera plus. Il animera une émission de radio puis passera à la presse musicale (Blues Again, Jukebox Magazine) et aux ouvrages musicaux comme les livres sur  Jethro Tull  mais aussi sur Les Variations. Quant à Daniel Lesueur, né en 1952 il est auteur, journaliste de la presse musicale, animateur radio et producteur d'artistes et il est aussi le premier à commercialiser en France les disques vinyles pop rares des années 60. En tout cas, cet ouvrage est une petite pépite pour toutes celles et ceux qui veulent se replonger dans les performances scéniques des groupes et artistes que nous chérissons. Alicia FIORUCCI . 

mercredi 20 novembre 2019

TONY TRUANT & Les Solutions du Sud Profond, Chez Maryse et Lulu (2019)

CHRONIQUE PARUE DANS LE NUMERO DE JUIN 2019 DE JUKEBOX MAGAZINE


Après son passage au sein des Dogs puis actuel guitariste des Wampas, Antoine Masy-Perier, plus connu sous le pseudonyme de Tony Truant, n’en est pas moins un artiste sous son propre nom. Fort de plusieurs albums en solo dont un avec les Fleshtones de New York en 2005, il nous envoie une nouvelle missive accompagné de Ses Solutions du Sud Profond (Esteban, Manuel, Roméo et Thomas). Capturé en live chez Maryse et Lulu à Sète, endroit où les propriétaires sont passionnés de la musique du diable jouée sur les planches, on est en présence d’une pépite du paysage rock français. Cet objet flambant neuf, sorti à 500 exemplaires, se compose d’un 45T en pochette ouvrante et d’un CD 6 titres. Autant vous dire de suite que dans le futur, il va devenir collector ! Après les présentations d’usage de Pascal Granger, c’est parti pour « Trop de Classe Pour Le Voisinage » adaptation dans la langue de Molière de « Too Much Class For The Neighborhood » du groupe de ses débuts puis comme une adaptation n’arrive jamais seule, on passe à celle des Kinks « A Well Respected Man » ici sous le nom de « Un Jeune Homme Bien », ces deux titres revisités et dépoussiérés façon Truant sont ceux qui figurent sur le 45T. Puis Tony nous balance dans la face quatre compositions originales des plus directes, à grand renfort de riffs cinglants et francs, on se les prend fissa dans les cages à miel « Vérole », « Dipsomanie », « La Grande Méchante Toinette » et « La Fille de l’Infirmerie » (paroles d’Eric Tandy des Olivensteins). On retrouve avec plaisir les univers de « L’Oeil Américain », d’« Ovomaltine, Benzedrine et Vengeance » mais aussi d’« On The Rocks ». Ce nouveau brûlot enregistré, mixé et masterisé par Jim Diamond (The Sonics, The Fleshtones, The Pack A.D etc.) donne à l’ensemble sonore une couleur garage rock qui n’est pas sans déplaire, bien au contraire. Le tout mêlé à la fougue de Tony Truant, il en ressort un mets succulent. Alicia FIORUCCI  

mardi 23 avril 2019

"Trente Ans De Cavale, Ma Vie De Punk" GILLES BERTIN (Robert Laffont)

Chronique parue initialement dans Jukebox Magazine de mai 2019 numéro 389 !




Il est des destins qui sont, pour le peu, hors du commun. Celui de Gilles Bertin se situe pile poil dans cette catégorie. L’ancien chanteur du groupe punk bordelais, Camera Silens, se raconte dans son autobiographie. Ce combo, actif de 81 à 88, marque à jamais toute une génération grâce à leurs hymnes « Pour La Gloire », « Réalité » ou encore « Classe Criminelle » et leur participation au Chaos Festival à Orléans le 20 octobre 1984 qui permet de mettre en lumière la nouvelle scène punk/oi ! en Hexagone. Ils partagent les planches avec les Trotskids, Kidnap, Komintern Sect ou autres Reich Orgasm qui font toujours le bonheur des amateurs du genre. Cependant, beaucoup d’excès ont jalonné la vie de ce groupe emblématique. Sida, drogues et autres délits comme le spectaculaire casse de la Brink’s de Toulouse du 27 avril 1988, auquel Gilles participe, signent le mandat d’arrêt de la vie musicale de Camera Silens jusqu’en 2000 (reformation ponctuelle sans Gilles). C’est à ce moment, qu’il démarre sa cavale de 30 ans en errant en Espagne, puis au Portugal où il ouvre une boutique de disques (Torpedo), puis retour en Espagne, le tout grâce à l’aide indéfectible de sa femme Cécilia qui le soutient coûte que coûte malgré son passé et sa santé détériorée. Gilles relate sa vie avec sincérité, sans langue de bois maniant l’autodérision et l’humour au sein de ces 270 pages sans concession, ni auto-complaisance. Une véritable plongée dans les méandres d’une vie punk plus vraie que nature avec son lot de joies mais aussi d’anxiétés dans les tréfonds abyssaux de son âme. Jusqu’au jour de 2016 où Gilles décide de se rendre de lui même aux autorités françaises afin d’être en concordance avec l’homme qu’il est devenu. Autant vous dire que même sa déposition est rocambolesque ! Une authentique autobiographie qui fleure bon le holp-up littéro-punk, merci pour cette réalité si brillamment contée. Alicia FIORUCCI.  

lundi 15 avril 2019

"GG ALLIN, antéchrist de L'Extrême" Pierre Avril/Adeline Wall - Camion Blanc

chronique initialement parue pour Jukebox Magazine numéro 387. 

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GG Allin, controversé, adulé, détesté, glorifié, bafoué, cristallisé mais jamais ignoré. Notre homme a toujours su déchaîner les passions et ce depuis sa plus tendre enfance. Pierre Avril et Adeline Wall se sont penchés sur le plus dérangeant des personnages du monde du punk rock du XXe sicècle. Dans cet ouvrage « GG Allin, antéchrist de l’Extrême » sorti aux éditions Camion Blanc, les auteurs tracent la route de Jesus Christ Allin (son vrai nom!) depuis sa naissance au New Hampshire dans la cabane où son père les tient, lui, son frère Merle et leur mère Arleta coupés du monde sans réel contact avec l’extérieur jusqu’à sa mort par overdose en juin 1993 à New York à l’issue d’un concert au Gas Station. On y découvre que GG, en dehors d’Alice Cooper, des New York Dolls et d’Aerosmith, était un grand fan de country : Hank Williams, Johnny Cash, David Allan Coe et tous les « outlaws ». On trouve au fil des pages, une discographie, non exhaustive (tant GG fut prolifique), commentée par ces deux passionnés du plus jusqu’au-boutiste artiste que le rock ait connu. Tous ses groupes sont passés en revue : The Jabbers, The Scumfucs, The Texas Nazis, The Cedar Sluts, The Criminal Quartet etc... sans oublier The Murder Junkies (dans lequel Merle est bassiste) qui fut le dernier groupe à avoir accompagné GG sur terre. Il avait une mission : redonner au rock and roll le côté dangereux et rebelle des débuts sans devenir un produit mercantile de l’establishment américain. Les auteurs n’hésitent pas à comparer les performances scéniques de GG, tant ces dernières étaient incroyables (automutilation, bagarres avec le public, défécation …) à celles d’autres acteurs de l’art contemporain tels que : Orlan, Chris Burden, Marina Abramovic, Peter Sotos et bien d’autres... Ces 180 pages mettent en lumière l’influence non négligeable qu’a laissé GG dans le monde du punk et bien au-delà. Un livre à quatre mains d’une sincérité sans faille dédié au Messie de la musique du diable. Alicia Fiorucci


mercredi 27 mars 2019

"La France et Johnny Thunders, Dans L'Ombre de La Croix" Thierry Saltet - Julie Editions

Chronique parue initialement dans le numéro 386 de Jukebox Magazine

couverture La FRance et Johnny ThundersJohn Anthony Genzale Jr, plus connu sous le nom de Johnny Thunders a pas mal traîné ses guêtres en Hexagone depuis la venue des New York Dolls en 1973. C’est le sujet du livre de Thierry Saltet intitulé « La France & Johnny Thunders: Dans L’Ombre De La Croix ». L’auteur n’en est pas à son coup d’essai pour dépoussiérer dignement le passé du rock. En effet, il nous a fait revivre les festivals punk de Mont de Marsan de 76 et de 77 comme si on y était avec son ouvrage « Le Massacre des bébés Skaï ». Toutes ces histoires du rock sont sorties aux Editions Julie basées à Montpellier. Mais revenons sur notre ami des Heartbreakers. Thierry relate son épopée à travers notre pays en voie de développement électrique. Il n’est pas courant de voir quelqu’un arborer un look à la croisée de plusieurs styles, romantico-glam-punk n roll sur notre territoire . Le livre s’articule autour de témoignages de personnes très impliquées dans la scène et qui l’ont côtoyé durant toutes ces années. On y retrouve entre autres: Marie France Garcia (égérie des nuits parisiennes), Patrick Renassia (Rock Paradise), Patick Mathé (New Rose), Freddy Lynxx (Jet Boys), Henri-Paul Tortosa mais aussi Mickey Blow (Les Stunners et actuel harmoniciste de Little Bob) et Marc « The Godfather of Punk Rock Mafia » Zermati du légendaire label Skydog et de la boutique « plaque tournante du rock  à Paris » l’Open Market. Thierry, comme à son habitude, décrit l’histoire tel un roman à travers un ton non encyclopédique et très littéraire, une véritable plongée au cœur du tonnerre. De magnifiques photos de concerts d’époque agrémentent ce bel ouvrage à la couverture soignée noir et rose, glamour à souhait. La saga Thunders s’éteint en 1991 laissant derrière elle de sublimes chansons notamment « You Can’t Put Your Arms Around a Memory » (un des titres préférés de Bob Dylan) empreinte de son génie et de sa folie destructrice. Un livre indispensable pour tous les rejetons du célèbre « L.A.M.F » et curieux de tout poil. Alicia FIORUCCI