dimanche 29 juillet 2018
THE DAMNED, Evil Spirits (Spine - 2018)
Chronique initialement parue dans le numéro 380 de Jukebox Magazine.
42
ans de carrière, une kyrielle d’albums, une tournée européenne
et une toute nouvelle galette pour les Damned ! Voici le
résultat des courses en 2018 pour ce groupe punk anglais, pionnier
du genre, qui a fait sensation aux
deux éditions du
festival punk de Mont de Marsan 76/77.
Dans
ce nouveau brûlot « Evil Spirits »,
on
est un peu loin de l'énervement adolescent des débuts à
la « Neat, Neat, Neat ».
Ce
qui est on
ne peut plus naturel et louable,
il faut bien se renouveler et ne pas proposer le même disque toute
sa vie.
Des
groupes à la longévité telle, il
faut
qu’ils évoluent
avec leur temps, leur âge et
au gré
de la
créativité du moment.
Les
nappes de claviers de Monty Oxymoron sont
très mélodiques et enjolivent
le disque à bon escient sans jamais tomber dans la caricature ni le
côté « too much ».
Captain Sensible a délaissé la basse pour la guitare qu’il
maîtrise avec brio, son
jeu est élaboré
et bien envoyé.
A
la basse, on retrouve Paul Gray (ex-Eddie
& The Hot Rods) et derrière les fûts Pinch (ex-English
Dogs), autant dire que cette
section rythmique envoie
du bois !
L'esprit
des Damned est toujours là, un peu gothique, un peu film d'horreur
avec
cette
façon de chanter crooner typique
de
Dave Vanian. Sa
capacité vocale est un théâtre à lui tout seul comme si Vincent
Price avait rencontré Frank Sinatra en déjeunant avec Bela
Lugosi. Nous
voilà
transportés
dans un autre univers proche
de celui du château des Carpathes.
A
la production, le légendaire Tony Visconti a pris les commandes avec
des
arrangements proches de son poulain de toujours, David Bowie.
L'album
est bien équilibré, il
n’y a aucune
chanson faiblarde ni
doublon : « Standing On The Edge Of Tomorrow »,
« Devil In Disguise » ou encore le
très accrocheur « Procrastination ».
Maintenant,
si
vous
attendez
du punk pur et dur pour pogoter comme un dératé, vaut mieux écouter
« Machine Gun Etiquette » (1979)
ou autre
« Damned, Damned,
Damned »
(1977),
ici
on
serait plus dans une veine à la « Phantasmagoria »
(1985).
Alicia
FIORUCCI
jeudi 26 juillet 2018
L7, Fast and Frightening (2018 - Easy Action)
Chronique parue initialement dans le numéro 379 de Jukebox Magazine.
Que
faire le troisième samedi du mois d’avril ? J’ai la
solution ! Rendez-vous dans vos boutiques de vinyles préférées
et célébrez le Disquaire Day ! Depuis 2008, c’est une
journée annuelle de promotion organisée par les disquaires
indépendants afin de vous inciter à vous rendre chez vos dealers
sonores favoris. C’est dans ce cadre que sort le double 33T. Fast
& Frightening en gatefold et inner sleeve cartonné, limité
à 700 exemplaires, du groupe féminin américain L7.
D’emblée,
la pochette sous forme de BD signée Keith Sparrow, est percutante à
souhait et donne envie de
posséder le Saint Graal du mouvement riot grrrl.
Les filles sont à bord d’un bolide décapotable
chromé, orné de flammes de
l’enfer et
conduit à vive allure, ce
qui plante
le décor. En effet, aucune
mollesse ne sera permise ! Composé
de Donita Sparks (voix, guitare), Suzi Gardner (guitare, voix),
Jennifer Finch (basse) , Dee Plakas (batterie)
L7, qui fait
partie des groupes majeurs de
la scène grunge et punk, a
permis de défendre la cause des femmes et
porte
haut le flambeau ovarien depuis
1985. Ce
double LP est indispensable pour tous les fans du quatuor.
Nous y avons des inédits en
public provenant
de shows
télévisés avec bien
entendu leur
hit Pretend We’re Dead. De
plus, la bande à Donita
revisite à sa
sauce
des
titres des
Germs, Ramones, Runaways, Guns n Roses, Blue Oyster Cult, Dead
Kennedys, The Nerves
mais aussi Ohio Express
et d’autres pépites à découvrir comme
la version de Three Days
(Willie
Nelson) en duo
avec le chanteur country Waylon Jennings. Ce magnifique objet trônera
divinement dans votre collection de 33T et comblera de joie vos
boites à cérumen
assoiffées de sons distordus et incisifs. Depuis
2015, les filles ont fait un retour tonitruant
sur les planches et
ce pour notre plus grand plaisir. En
effet, un nouvel album en
2016 ainsi que
2 singles en 2017 et 2018 ont vu le jour. Pour
info, elles passeront par
Paris, le 13 juin prochain à La Cigale , l’occasion
de ressortir votre panoplie à
base de Doc Marten’s et
jeans troués, le tout agrémenté de l’éternelle chemise de
bûcheron
portée ou nouée autour de la taille.
L7 rules !
Alicia FIORUCCI.
vendredi 6 juillet 2018
IRON MAIDEN, live-report @ AccorArena (05/06/18 - Paris)
Symbiose totale!
Après
un passage remarqué au Hellfest, Iron Maiden décide de réitérer
l’opération dans l'Hexagone hier soir à Paris dans l’ancien Bercy,
désormais baptisé AccorArena. Quelques éléments contextuels au niveau de l’ambiance : on voit des tshirts à l’effigie
d’Eddie à perte de vue, les vestes à patches sont de sortie,
baskets blanches, chaussettes et shorts aussi, le cuir n’est pas en
reste non plus. En conclusion, depuis des années Maiden fédère, c’est indéniable. Tout le monde est chaud bouillant, le concert
est sold out et une date supplémentaire a été ajoutée
le lendemain. 20H55 la bande à Steve Harris (bassiste légendaire et
pièce maîtresse du groupe) déboule et assène d’emblée « Aces
High » dans un décor militaire à base de filet kaki, un vrai spitfire suspendu et casque vissé sur la tête de Bruce Dickinson. Autant
dire de suite que les gaillards sont en forme, des boulets de canon
faits de chair et d’os. Et c’est parti pour une succession
d’hymnes de la Vierge de Fer, « Where Eagles Dare »,
« 2 Minutes To Midnight » « Flight Of Icarus »,
« Fear of The Dark », « The Number of The Beast »,
« Iron Maiden » etc... Quelle joie de les voir
interpréter leurs anciens titres que tout le monde connaît. On se
croirait revenu au temps de la New Wave of Bristish Heavy Metal. Un
vrai bain de jouvence et les souvenirs d’adolescence nous reviennent
en pleine face. On chante à l’unisson dans cette salle pleine
comme un œuf, le public est en réelle communion avec le groupe.
Durant tout le concert, les décors aux couleurs de la tournée
« Legacy of The Beast » se succèdent sans se ressembler,
du coup, aucune place pour l’ennui oculaire. Le tout est exécuté
avec une fougue, une énergie à en faire pâlir plus d’un(e).
Sérieusement, Bruce fait des allers-retours de droite à gauche
de la scène, saute sur les baffles, fait valser un ventilo qui le
gêne durant ses chevauchées. Un vrai soldat pour la cause du métal.
![]() |
Photo: Alexandre Fumeron/Afterdepth |
Cette bataille on la retrouve lorsqu’Eddie s’invite à la fête
sur « The Trooper ». Bruce et lui se livrent à un
combat à l’épée sans merci. Cette facette chevaleresque, se décline aussi lors de « The Clansman » (titre de
l’époque Blaze Bayley), une ode à la liberté d’un peuple.
Changement d’atmosphère lors de « The Sign of The Cross »
où le mysticisme et l’occulte font leur entrée avec Bruce portant une croix comme un pénitent. L’esprit d’Aleister Crowley n’est
pas loin, c’est moi qui vous le dis. Quel plaisir également
d’assister à ce ballet de soli magistralement joués tour à tour
par les 3 guitaristes historiques : Dave Murray, Adrian Smith
sans oublier Janick Gers qui fait tournoyer sa 6 cordes avec
dextérité. Si vous aimez la guitare, vous êtes servis et en
quantité. Iron Maiden n’est pas avare en mélodies ce qu’on
apprécie au centuple. Que dire de Nicko McBrain et de Steve Harris ?
L’un frappe ses fûts tel un diablotin farceur, le sourire aux
lèvres, l’autre dégaine sa basse telle une mitraillette aux
décibels savamment aiguisés. Au bout d’1h30 et beaucoup de sueur,
le groupe s’éclipse. Mais nos idoles ne vont pas s’en tirer si
facilement, c’est sans compter avec la ferveur des fans qui scandent,
tapent dans les mains, des pieds et tout ce qu’ils trouvent à leur portée pour les faire revenir. Du coup, c’est reparti pour un rappel
et non des moindres car « The Evil That Men Do »,
« Hallowed Be Thy Name » et « Run To The Hills »
font leur apparition dans la setlist. Pour ponctuer le caractère remarquable de la mise en scène flamboyante, on a droit à des effets pyrotechniques. C'est la pastèque sur la pièce montée! Quelques qualificatifs biens sentis pour résumer: grandiose, époustouflant,
magique, impérial, je dirai même, héroïque ! Maiden plus
grand groupe de la NWOBHM ? A vous de me le dire ! Alicia
FIORUCCI
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